Augmenter la diversité végétale des espaces agricoles pour protéger les cultures
Mélanges variétaux, associations d’espèces, succession de cultures dans le temps, agroforesterie, haies et autres éléments semi-naturels du paysage… la diversité végétale concourt à diminuer les populations de champignons pathogènes, plantes adventices, insectes ravageurs qui vivent aux dépens des cultures, avec l’objectif de réduire voire de se passer des pesticides. Et cela sans perte de rendement. De nombreux verrous en amont et en aval des filières agricoles limitent le déploiement de ces stratégies de protection des cultures, mais les politiques publiques pourraient être un levier important pour inciter les agriculteurs à les adopter. Ce sont les principaux enseignements d’une expertise scientifique collective réalisée par INRAE à la demande des ministères en charge de l’Agriculture, de la Transition écologique et de la Recherche. Explications.
Publié le 26 octobre 2022 (mis à jour : 07 novembre 2022)
Lorsqu’aucune stratégie de lutte n’est mise en place, les pathogènes, plantes adventices et organismes ravageurs des cultures causent des dégâts sur les cultures, avec pour conséquence des pertes de rendement et/ou de qualité des récoltes. Pour s’en prémunir, les agriculteurs ont majoritairement recours aux solutions chimiques, avec cependant un impact important sur l’environnement et sur la santé humaine. Se passer de pesticides est une attente forte de la société de plus en plus intégrée dans les politiques publiques nationales et européennes, mais ces dernières ont un impact limité sur le terrain. C’est dans ce contexte que les ministères en charge de l’Agriculture, de la Transition écologique et de la Recherche ont confié à INRAE une expertise scientifique collective pour évaluer l’efficacité de stratégies de protection des cultures fondées sur la diversité végétale et analyser les freins et les leviers de leur déploiement.
La synthèse de ce travail collectif et interdisciplinaire, basé sur une analyse de la bibliographie internationale, dégage des constats bien établis par les recherches :
- La diversification végétale des parcelles et des paysages pour protéger les cultures, cela fonctionne.
- Outre la protection des cultures, la diversification favorise la biodiversité et les services qu’elle rend aux agriculteurs et à la société : la régulation de l’eau, le stockage du carbone, etc.
- Ces solutions agroécologiques vont de pair avec des rendements souvent plus élevés et/ou plus stables d’une année sur l’autre que dans les systèmes conventionnels.
- Des verrous sont à lever pour développer leur utilisation, qui peut nécessiter une transformation importante des systèmes de culture aujourd’hui très spécialisés.
- Des leviers existent : en particulier, les politiques publiques ont un rôle essentiel à jouer pour inciter à la diversification.